Sa vie
Les origines, la formation I 1842-1868
Jean-Baptiste Auguste Durst est né le 7 juillet 1842, à Neuilly-sur-Seine. Il est le second d’une fratrie de trois enfants de Jean-Baptiste Romain Durst, originaire de Colmar et de Madeleine Bourgeaud, originaire d’Aix-en-Provence. Son frère aîné, Marius, sculpteur de métier et formé par François Rude, est né le 9 avril 1832 et sa sœur Hélène naît quelques années plus tard. La famille Durst vit confortablement. Ses parents, propriétaires d’un restaurant Les Jardins de Tilsitt, rue de Tilsitt, à Paris, font fortune et investissent rapidement dans le patrimoine immobilier à Paris et dans la région parisienne. À la mort de ses derniers, Auguste Durst hérite de revenus fonciers importants qui lui permettent de s’adonner sereinement à la peinture. Le peu d’informations sur son enfance ne permet pas de savoir où il se forme. Peut-être a-t-il suivi des cours de dessin et de peinture dans une école municipale de dessin ? Ses parents s’y sont-ils opposés ? Certainement pas. Son père, musicien amateur éclairé avait une formation de tailleur de pierre et était très doué pour le dessin.
En 1862, il effectue son service militaire dans l’Armée territoriale dans le 17e corps de l’Infanterie, 1e bataillon à Bernay (Eure).
Ses obligations militaires terminées, Auguste Durst, autodidacte, fréquente l’atelier du maître Ernest Hébert à l’École des Beaux-Arts de Paris, vers 1866, sans être toutefois un élève inscrit à l’École. Il y apprend notamment le dessin et la composition des portraits. Quoi qu’il en soit, en 1868, alors âgé de 26 ans, il est autorisé à exposer pour la première fois au Salon des Artistes Français avec deux tableaux : Fille de cuisine et Fleurs. Dès cette année-là et jusqu’en 1889, il restera fidèle à ce salon.
Les œuvres de jeunesse I 1868-1882
Au cours de ces 15 années, Auguste Durst parfait son métier de peintre. Il expose régulièrement au Salon des Artistes français. Sa carrière s’arrête cependant nette, lorsque la guerre de 1870 éclate. Pour des circonstances encore troubles, il s’exile volontairement pour deux ans chez un cousin à Londres. À son retour en France, en 1872, il se ré-installe dans la maison familiale, rue de Tilsitt, et recommence à exposer au Salon des Artistes Français. À partir de cette époque, Durst se consacre à la peinture et enchaîne les salons à Paris et dans d’autres villes françaises. En 1874, il présente deux toiles au Salon des artistes français, une nature morte, Fleurs, et une Crue de Seine, thème qu’il reprendra maintes fois au cours de sa carrière.
Ce n’est vraiment qu’en 1881 qu’il se fait remarquer au Salon annuel avec une Visite de la Ferme, dans lequel il s’attache à représenter la vie quotidienne des paysans et des animaux fermiers. Cette œuvre, seulement connue par reproduction, est encore d’un format moyen. Celles qui suivront sont de très grands formats à l’image des « Poules » qu’il envoie au Salon de 1882, toile monumentale de 2 mètres sur 4.
C’est au cours de cette période qu’il fait l’acquisition d’un hôtel particulier, situé au 40 avenue de la Défense à Puteaux, dans lequel il installe son atelier.
Les premiers succès et premiers achats I 1883-1901
De 1883 à 1901, la carrière de Durst prend un nouveau tournant. Il reçoit de nombreuses récompenses et les salons auxquels il participe commence à acheter ses toiles. Soucieux de parfaire sa technique, Il intègre l’atelier de Léon Bonnat à Paris à la même époque. C’est son ancien maitre René Hébert, alors proche de Léon Bonnat depuis leur séjour commun à Rome, qui le recommande. Dans une lettre de Bonnat datée de 1884 et adressée à son ami artiste Achille Zo, alors conservateur du musée municipal de Bayonne, le maître parle d’un jeune artiste, Auguste Durst, en qui il a toutes les espérances. Mais l’année charnière dans sa carrière est l’année 1884. Il envoie en effet au SAF une composition grandeur nature dite La Sieste, oeuvre que nous ne connaissons que par des reproductions. Celle-ci remporte un franc succès. Le jury du Salon lui octroie la mention H.C (Hors concours). Lors de ce salon, Bonnat lui achète une autre œuvre Paysages aux poules. Ce tableau est destiné à la collection du Musée municipal de Bayonne que Bonnat et Achille Zo commencent à constituer.
Ce premier succès insuffle une énergie folle à l’artiste qui entre 1885 et 1888, entre dans une période intense d’activité artistique. Il poursuit son ascension artistique, envoyant en 1885, plusieurs toiles grandeurs natures: Le Réveil et Matinée de Printemps qui est achetée au final par la ville de Pau. À Paris, son oeuvre Les Filles du fermier, grande toile naturaliste, fait encore sensation. La société lyonnaise des Beaux-Arts l’invite l’année suivante à venir la présenter lors de son exposition annuelle.
En 1889, pour sa dernière participation au Salon des Artistes Français, il présente deux toiles dont l’une Le Val de Forge (Gironde) lui permet d’obtenir une médaille d’argent. L’autre, L’Avenue de la Défense à Puteaux se trouve actuellement conservée au Musée Gaudin de Puteaux. Après l’avoir sollicité à plusieurs reprises, l’État lui achète Dindons, soleil couchant, en 1898 et est déposée dès 1899 à l’Ambassade de France à Londres. En 1900, il participe à l’Exposition Universelle où il montre une très belle Paysanne au Soleil. C’est aussi à cette époque qu’il se lie d’amitié avec le peintre tchèque Kupka lequel vient d’aménager dans la maison voisine de la sienne. Les deux peintres partagent ensemble l’amour de la nature et plus particulièrement des paysages impressionnistes.
La reconnaissance I 1902-1910
Ami de Bonnat depuis son passage à l’atelier rue Bassano, Durst fait la connaissance du président de la République, Émile Loubet, lequel le nomme en 1902, Chevalier de la Légion d’Honneur. C’est une consécration pour l’artiste qui lui ouvre d’autant plus les portes des commissions d’acquisitions des oeuvres d’art par l’État. Au cours de ces années-là, l’État lui achète trois œuvres : une, en 1903, sous l’impulsion de Clémenceau, alors Ministre de l’Intérieur, intitulée Les Neiges d’Automne, un temps conservé au Musée des Augustins, à Toulouse; suivie, en 1905, de l’oeuvre Dindons dans les herbes qui est aujourd’hui conservée au musée La Piscine, à Roubaix, et une troisième, en 1909, intitulée Escoussans, Gironde, mise en dépôt dès 1909 au Musée du Château de Saumur. La mairie de Puteaux lui achète à son tour, en 1908, Le Phare de la Corbière (Jersey), d’un style et d’une écriture bien différente dans sa production artistique.Ainsi en quelques années, l’œuvre naturaliste et champêtre de Durst fait sensation au salon et il réussit à intégrer à 5 reprises les collections publiques françaises. Durant toutes ses années, il continue à partager sa vie entre son hôtel particulier à Puteaux et sa maison à St Vaast d’Équiqueville en Basse-Normandie. Il effectue de nombreux déplacements et séjours dans la région de Dieppe dont il ramène de nombreux croquis et études consignés sur des cahiers d’artistes.
UNE FIN DE CARRIÈRE DISCRÈTE I 1914-1919
En cette période de guerre, comme beaucoup d’artistes, il ne participe qu’aux deux seuls salons organisés. Tout en restant fidèle à l’esthétique et à la thématique paysagère, il s’attache à saisir les difficultés de réapprovisionnement alimentaires que connaît la population parisienne. Ainsi en 1915, il peint deux toiles aux titres évocateurs: Moutons parquets au bois de Boulogne en vue du ravitaillement, oct.1915 et Bœufs parquets pelouse de Bagatelle en vue du ravitaillement, oct.1915. La première est conservée par la famille de l’artiste, la seconde quant à elle, a été achetée lors du Salon par la ville de Paris en 1916. Auguste Durst semble avoir été très touché par cette pénible situation du ravitaillement durant la guerre. Lui-même se trouve, semble-t-il, pendant et après la guerre, dans une situation financière inconfortable. Sa toute dernière participation à une exposition date de 1924, à Bordeaux, où il présente un ultime paysage de sa chère Normandie, Un paysage de St Vaast d’Équiqueville au Salon de la société des Amis des Art.
Il s’éteint en 1930 à son hôtel particulier, laissant en héritage à ses trois enfants l’ensemble de son fond d’atelier.