LE CONTEXTE ARTISTIQUE
Roger de Piles, éminent spécialiste du paysage, a distingué deux genres dans l’histoire du paysage : le style héroïque dans lequel la nature est représentée telle qu’on se l’imagine, et le style champêtre dans lequel la nature se fait voir toute simple, sans fard et sans artifice. C’est par l’école de Barbizon, puis dans le mouvement impressionniste que le paysage est érigé en genre majeur de la peinture. Ceux que l’on va appeler l’ « École de Barbizon » - les artistes Corot, Rousseau, D’Aligny, Troyon, Nanteuil, Millet, Huet réunis autour de Théodore Rousseau -, cherchent à peindre de « purs » paysages et pratiquent l’étude d’après nature dans la forêt de Fontainebleau. Ils offrent à leur clientèle citadine l’image d’une nature préservée et harmonieuse, témoin d’un âge d’or bien éloigné de l’urbanisation et de l’industrie de leur époque.
À toutes les époques, certains artistes tiennent une place si grande qu’autour d’eux, les autres s’effacent. Au milieu du XIXe siècle, les noms illustres de Corot, Millet ou Courbet et bien d’autres s’imposent si fort que l’on est tenté d’oublier qu’ils ne furent pas les seuls à traduire la sensibilité picturale de leur temps. Heureusement pour Auguste Durst, la cohérence de son oeuvre et son amour immodéré pour les dindons, oies et autres bestiaires font des émules dans de nombreux salons auxquels il participe. Parfois malmené par les salonniers, il n’en est pas moins très souvent applaudi et défendu par d’autres critiques. Ce qui se joue à travers ces derniers, c’est naturellement l’évolution des goûts et des couleurs dans une société et des arts en pleine mutation.
Disciple de Millet, de Corot plus que de Monet, Durst s’inscrit dans la continuité des recherches effectuées par les paysagistes de l’Ecole de Barbizon et des peintres animaliers du XIXe siècle. Au côté des peintres comme Alfred Salmon, Charles Jacques, Albert Lebourg ou encore Jules Dupré, il s’affirme comme le peintre des paysans et des basses-cour de Normandie. Sa peinture est rafraichissante et lumineuse, grâce à la maitrise des gammes colorées. Plus coloriste que dessinateur, son style bien défini est reconnaissable entre tous.
L’oeuvre d’Auguste Durst témoigne d’une connaissance approfondie de son art et d’un sentiment délicat de la peinture. Pendant près de 50 ans, il montre le meilleur de la maîtrise de son art. Ses oeuvres acquises de son vivant par de nombreuses institutions confirment qu’il est un artiste apprécié et reconnu en son temps. Sa manière probe dans l’évocation d’une nature paisible est non discutable. Et convaincu que rien dans la nature n’est inutile ou indifférent, il montre que chaque chose si infime soit-elle, a une signification particulière, esthétique et/ou pittoresque. Toute sa carrière, il s’efforça de mettre en évidence cet amour de la nature. Hormis quelques brèves échappées dans les contrées de Provence et de Gascogne, c’est toujours vers les beautés naturelles de Normandie qu’il s’est tourné.